A.Pas.De.Loup
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 Et c'était vrai

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Lioncourt
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MessageSujet: Et c'était vrai   Et c'était vrai EmptyJeu 19 Avr - 15:09

Un petit début...qui ne reflète pas vraiment le tout.

(Je sais, il est pas terrible, mais bon, je peux pas non plus être bonne partout !)





Préface



Vous n’avez nulle obligation de lire cette histoire. Vous devrez faire ce choix à vos risques et périls.
Certains diront que c’est une fiction. D’autres sauront que c’est la réalité. Vous, vous en penserez ce que vous voudrez.
Je ne vous révélerai pas mon véritable nom. Toutes les personnes mentionnées ici ont vu leurs noms modifiés.
Ceci est la première partie de mes mémoires. J’en cacherai les deux autres morceaux plus ou moins loin de l’endroit où celui-ci sera découvert.
Votre monde va bientôt basculer, si ce n’est déjà fait. Peut-être est-ce de ma faute. Ou peut-être pas. Je vais tout vous raconter depuis le début. Ce sera à vous de juger de ma responsabilité dans cette affaire. Ou de la votre. Tenez-moi pour responsable de tous vos maux si ça vous chante. Ou ouvrez les yeux sur la réalité.
Sur moi, vous n’avez qu’une chose à savoir. Quand vous lirez ceci, je serai déjà morte.


Dernière édition par le Sam 25 Aoû - 11:51, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Et c'était vrai   Et c'était vrai EmptyJeu 19 Avr - 15:11

Chapitre 1








La sonnerie de 8h25 retentit. Je grognai. J’étais déjà devant ma salle de cours, en l’occurrence de la philo, comme tous les mercredis matins. Mais une fois de plus, cette foutue sonnerie m’avait bousillée les oreilles. J’ai toujours dit qu’elle était réglée trop fort. Mais bon. J’étais en terminale et j’avais prévu de les réduire au silence à la fin de l’année.
Le temps que je retrouve totalement l’ouïe, les autres élèves commençaient à affluer dans les couloirs trop petits. Et comme d’habitude, on était serré comme dans un placard à balais. Foutus couloirs. En cas d’incendie, on crève tous, c’est sûr. Je vis Héléna passer dans le couloir. Elle me dit « Salut Mine. Ça va ? », et moi « bien, et toi ? », « Ça va. ». Et on se fait la bise. Bande de collégiens. Mais enfin bon, Héléna est en seconde alors… . C’est la petite sœur d’une bonne amie. Malgré tout, c’est une véritable manie de se faire la bise ici. J’ai ça en horreur. Déjà que les couloirs sont trop petits. Chaque fois que quelqu’un s’arrête pour faire la bise, ça bloque tout le monde. Et on s’étonne que ça me fasse râler sans arrêt. Mais avec leurs débilités, il faut au moins dix minutes pour faire un trajet qu’on fait normalement en trois ou quatre minutes. Et encore, sans se presser. C’est pour ça que le matin, je vais souvent direct à ma salle. J’évite les embouteillages.
Je vis Enora arriver. Elle est dans ma classe, et on est bonnes amies. Elle fait à peu près la même taille que moi, elle est assez fine et jolie comme tout. Elle ne se maquille jamais, excepté ses yeux, qu’elle noircit tout le temps. Elle est drôle, et c’est toujours un plaisir de discuter et de plaisanter avec elle. On discute un peu, le temps que je puisse me plaindre, puis Kimy arrive, et ça bloque toute conversation. C’est une amie d’Enora, mais on ne peut pas dire qu’elle m’aime beaucoup. Je n’ai pourtant rien contre elle, et je ne lui ai jamais rien fait. Paraît que c’est ma façon d’être qui la dérange. Dommage pour elle. Je ne vais pas me changer pour lui faire plaisir. On m’accepte ou on ne m’accepte pas, mais je n’irai pas modifier ce que je suis et jouer au clown triste pour faire plaisir à quelqu’un, et surtout pas à une nana aussi coincée. Sans blague, elle ne sourit que rarement, et en deux ans, je n’ai dû l’entendre rire que deux ou trois fois, et encore. Bon, j’exagère peut-être un tout petit peu, mais c’est pas sûr.
Arrivée de Lélia. Toujours souriante, jamais contrariante, ou si peu. C’est la fille la plus gentille que je connaisse, et aussi une très bonne amie. Elle a les cheveux coupés au carré et un visage agréable, qui va bien avec son caractère. Elle est très sportive. Un esprit sain dans un corps sain. On est toujours fourrées ensemble. Même si parfois je me demande si je la colle pas un peu trop. En tout cas, elle m’écoute râler sans broncher. Et il en faut de la patience pour me supporter, c’est pas forcément évident. Elle reste à distance parce qu’elle n’aime pas la foule compacte qu’il y a autour de la porte et dans laquelle je suis noyée.
En face de moi, comme souvent, Astrid et Julie. Elles sont plutôt souriantes comme filles. Elles font la paire. Assez jolies et toujours élégantes, bien qu’ayant des styles assez différents. Astrid est sympathique et elle aime beaucoup rire. Julie a une particularité : elle peut vous dire n’importe quoi, vous faire n’importe qu’elle critique, sans jamais vous vexer ou vous braquer. Je pense que c’est parce qu’elle prend tout avec humour, y compris ses propres défauts, assez rares, qu’elle avoue volontiers. Au début, elles peuvent paraître un peu superficielles. Soit belle et ferme-la. Mais en profondeur, elles ne sont absolument pas stupides. Leurs notes ne sont pas excellentes, mais c’est parce qu’elles n’ont pas une intelligence très scolaire. Mais elles sont fines, gentilles et surtout très loin d'être connes. Je pense que la filière scientifique ne leur va pas très bien. Je les aurais plutôt vues dans des métiers de contact avec les autres.
Le prof arrive. En retard, comme d’hab. Et dire que nous, pour un minuscule petit retard, on se fait virer de cours. Une raison de plus de râler. On rentre dans la salle. On s’installe. Comme toujours, je suis entre Lélia et Anaïs.
Anaïs est une fille sympathique. Mignonne, toujours bien fringuée. Marrante. Avec son physique et sa manière de bouger, elle me fait penser à un chat. Fine et musclée.
Je discute un peu avec Lélia, puis avec Anaïs, et je passe le reste du cours à copier (ou à faire semblant) et à tuer le temps comme je peux, parfois en faisant quelques dessins minables. Je ne suis pas une mauvaise élève (enfin, j’espère pas), mais je dois avouer qu’il n’y a rien qui me prenne plus la tête que la philo. Je commence même à regretter le français. Moi qui étais si contente de m’en débarrasser. Mon dernier prof était sympa, mais la matière en elle-même commençait à doucement me gaver. Et maintenant, ça me manque. Allez comprendre. Du coup, vous l’aurez remarqué, on ne peut pas dire que j’ai toujours beaucoup de suite dans les idées, à moins que quelque chose me tienne vraiment à cœur. Et là, pour me faire lâcher le morceau…faut pas y aller mollo.
Bref, je demande l’heure toutes les cinq minutes à Lélia, puis je me force à arrêter et à me tenir tranquille. Et quand justement je commence à désespérer, la sonnerie retentit. Enfin. C’est pas trop tôt. Je range mes affaires en quatrième vitesse, lance à Lélia « A tout de suite en Géo », marmonne un « Au revoir » au prof et file vers ma salle. Et comme toujours, j’ai beau entasser mes affaires dans mon sac le plus vite possible, la moitié de la classe, sinon plus, est déjà sortie quand je sors à mon tour. J’avance le plus vite possible, pousse un peu, râle beaucoup, arrive devant ma salle. Je lutte pour rester devant et pour ne pas me laisser entraîner par la marée humaine qui déferle, mais à vitesse escargot, comme sur le ralentit d’un film. Les autres classes rentrent, petit à petit, et le prof de géo arrive enfin. Encore en retard. Ça vous étonne ?
On rentre en cours en se bousculant comme des malades, mais les bonnes tables sont déjà prises. Et merde. Du coup, je me retrouve sur le devant. En plus, ce prof passe son temps à déambuler dans la classe, avec la même démarche que l’idée que je me fais de celle d’un grand lapin de Pâques croisé avec un pingouin. J’ai toujours envie d’étendre mon pied en espérant qu’il se cassera le nez en tombant. Le cauchemar.
Et alors, en histoire comme en géo, il faut voir la tête du programme de terminale. Rien de très palpitant. Re-bonjour l’enfer de la glande. Lélia est à côté de moi. On papote un peu, et c’est reparti comme en philo. Et quand j’entends la sonnerie annonçant la pause de 10H20, je fourre mes livres en vrac dans le sac et je jaillis hors de la classe après un rapide « Au revoir » au prof. Le « Au revoir » aux profs, un vrai rituel de politesse dont je me passerai bien pour certains.
J’attends Lélia et je descends avec elle au rez-de-chaussée, voir si je peux choper une copine, histoire de bavasser un peu. C’est rare le mercredi, mais je tombe parfois sur Anita et Alexandra.
Elles sont souvent ensemble. Je connais Anita depuis le collège. C’est la grande sœur d’Héléna. Elle est en première ES. C’est une grande fille très mince, avec de très longs cheveux châtains et des yeux noisette, diabétique (pas de bol), et avec un sacré caractère. Pas toujours à prendre avec des pincettes. On s’est rencontré un midi au collège, grâce à des filles que l’on n’a jamais pu sentir, et on est devenues de très bonnes amies. Assez ironique, non ?
Alexandra était aussi dans le même collège que moi, mais on était moins proches. On s’est surtout rapprochées cette année. Elle est aussi en terminale, mais en ES, alors que je suis en S. Elle a un caractère très doux et ne veut jamais contrarier personne, ce qui fait que, parfois, elle fait un effet guimauve. Elle est plutôt grande, assez mince, et carrément jolie. Plus que ça, même. Je suis sûre que si on lui mettait une robe de cocktail, elle serait trop classe. Mais elle est plutôt nature comme fille.
En attendant, je trouve quand même marrant d’être entourée d’autant de jolies filles, alors que je suis moi-même petite, ronde, et que je suis pleine d’acné. Sous l’acné et les points noirs, j’ai un visage assez agréable, bien qu’un peu trop rond (comme tout le reste), mais il ne se remarque même pas. En gros, j’aurais peut-être été un canon de beauté il y a quelques siècles, à l’époque parasites, mais sûrement pas aujourd’hui.
Nouvelle sonnerie. Décidément, je ne quitterai pas définitivement le lycée tant que je ne leur aurais pas fait mordre la poussière. Mes oreilles sont encore douloureuses, et je commence à enrager. C’est que j’ai l’ouïe sensible moi.
Je monte. Au deuxième étage. Tout le monde avance lentement, et du coup, moi aussi. Je suis asthmatique. Et contrairement à beaucoup d’autres dans mon cas, je préfère monter vite, quitte à être un peu essoufflée. Ceux qui en ont marre qu’on les voit comme des chochottes à cause de ça me comprennent. Et ont également peut-être envie de tuer les lents.
Et tant qu’on est sur mes problèmes de santé, je tiens à préciser que j’ai aussi, entre autres, des problèmes de dos. Et il est particulièrement douloureux ces temps-ci. Parfois, j’ai même l’impression que, d’une certaine manière, il se bloque. Très désagréable. Et là encore, souvent assez douloureux. Mon médecin m’a dit d’être prudente, de pas faire le con, mais je ne l’écoute que quand je n’ai pas le choix, c’est-à-dire, quand j’ai trop mal pour faire autrement. Ou que ça m’arrange. Je ne suis pas très raisonnable. Mais avoir autant de problèmes de santé est un comble pour quelqu’un dans mon cas. Enfin bon, j’ai encore quelques mois à galérer, et mes capacités de régénération apparaîtrons et feront le reste. Vive l’adolescence. Surtout quand ça se termine.
J’arrive devant la salle de math, et c’est comme ce matin devant la salle de philo. Le prof arrive lui aussi en retard, puis on rentre dans la salle. Aujourd’hui, rendu de DS. Je ne suis pas mauvaise en math, mais ces temps-ci, j’ai du mal. Du coup, j’angoisse. A côté de moi, Lélia a l’air moins angoissée que moi, mais quand même un peu stressée. Au final, nos notes tournent autour de 12 pour toutes les deux. Coup de bol. La moyenne de la classe n’est pas très élevée. Mais ça pourrait être pire.
Recomptage des points, examen de la copie, questions au prof, puis on range les DS et c’est reparti pour deux heures de cours. Enfin, ce qu’il en reste.
Je suis intéressée par le cours, même si j’ai du mal à suivre et à me concentrer. J’ai par moments envie de jaillir de ma chaise.
Pause de milieu de cours. Cinq minutes, top chrono. Mais même au retour de la pause, le prof est en retard. Rien de neuf, quoi. Je me détends un peu en lisant et en écoutant de la musique. Des B.O. de films, ce que je préfère. Retour du prof, et reprise du cours. Et c’est reparti comme l’heure d’avant, le rendu de DS en moins.
C’est bien, les maths. Mais deux heures de math, c’est long. Quand le prof nous laisse sortir, c’est un soulagement. Je dis « Au revoir » au prof, fais signe à Lélia, et me tire du lycée.
En temps normal, je cours attraper mon bus au vol, mais pas aujourd’hui. J’en ai marre du boulot, et j’ai décidé de passer l’après-midi en ville, histoire de me détendre un peu. Parfois, j’ai l’impression que si je ne fais pas une pause, ma tête va exploser sous la pression de mon crâne. Et ramasser ce qu’il en restera à la petite cuillère ne me branche pas vraiment. C’est une façon de parler, mais j’adore ce genre d’image, même si ce n’est parfois pas très ragoûtant à imaginer.
Une fois dehors, je prends la direction du centre ville, et je marche assez vite car j’ai vraiment la dalle. En chemin, je rencontre Sélène. Elle aussi mange en ville. C’est plus pratique pour elle que de rentrer chez elle, car elle a des cours particuliers de math le mercredi après-midi, et qu’elle habite assez loin de la ville.
Sélène est une fille que j’adore. Elle part avec moi dans des délires totalement débiles, pique des fous rires avec moi, et n’hésite pas non plus à rire trop fort, quitte à se taper l’affiche. On était assez proches en début d’année, mais elle a pris ses distances avec notre groupe d’amies pour se faire plus de copains dans sa classe. Je la vois souvent, même si on se parle maintenant relativement peu. Et depuis qu’elle est avec les copains de sa classe, je l’entends aussi moins rire. Du gâchis, selon moi. Mais c’est peut-être aussi dû au fait que ça n’a pas l’air d’aller très fort, cette année. Elle est en première S et elle travaille beaucoup, mais les notes ne suivent pas. La pauvre. Si elle savait ce qui l’attend. L’année dernière en première, c’était de la rigolade par rapport à cette année. Et toute ma classe est d’accord là-dessus, c’est dire. Physiquement, elle est plutôt petite, ni ronde, ni vraiment mince, avec des formes bien féminines et un visage assez agréable, bien qu’un peu trop espiègle. Mais cela vient d’une légère rondeur enfantine du visage, qui a tendance à disparaître ces derniers temps. D’ici peu, ce sera vraiment une jolie fille.
On décide de manger ensemble en ville et de traîner un peu. On arrive. Elle se décide pour un panini, et moi pour un sandwich jambon-beurre et un pain au chocolat. On se partage un coca. Je n’aime pas trop les liquides, à l’exception d’un seul. Je préfère la nourriture solide, ce qui fait que je bois assez peu. Un jour, je me déshydraterais et tomberais en poussière sur place, et tout le monde se demandera ce qui aura bien pu se passer. Je sais que je devrais boire plus, mais rien n’y fait, je peux pas.
Vers la fin de l’après-midi, elle va à son cours, et je décide de rentrer. En bus, évidemment. Et comme j’ai de la chance, le bus qu’il aurait fallu que je prenne me passe sous le nez, et je suis bonne pour trente-cinq minutes d’attente. La poisse. Ça devrait être mon second prénom. Je retourne traîner en ville et reviens prendre mon bus à temps. Et c’est parti pour trente-cinq autres minutes de trajets. Youououpiiih ! J’arrive chez moi à temps pour manger, passe ma soirée à travailler un peu parce que je culpabilise de n’avoir rien fait l’après-midi, et me couche relativement tôt, après un peu de musique (toujours des B.O. de films), et quelques pages de lecture, sans lesquelles je ne peux pas dormir.
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MessageSujet: Re: Et c'était vrai   Et c'était vrai EmptyJeu 19 Avr - 15:12

Chapitre 2








Le lendemain, lever à 6H30. Comme d’hab. Et c’est reparti comme la veille, mais avec des cours en prime l’après-midi. Le matin, je n’ai qu’un seul cours, de l’allemand. Encore un cours de glande. Je passe mon temps à rigoler avec Enora, à noter deux ou trois trucs par-ci par-là, et à fabriquer des grenouilles en papier qu’on fait sauter par-dessus ma pochette cartonnée. Faire des grenouilles en papier. Voilà une activité saine, raisonnable et équilibrée que l’on devrait pratiquer plus souvent. Surtout en cours d’allemand. Après l’allemand, je passe encore une heure avec Enora, heure durant laquelle je fabrique d’autres grenouilles, que l’on décore et qu’on essaie désespérément de faire sauter.
Le jeudi, pendant les deux heures de libre qu’il me reste, je vais en ville le matin si j’ai pas trop de boulot, mais là c’était hors de question avec tous ce que j’avais à faire en math.
Je finis ma journée à 15H30. La fin de semaine est assez tranquille. Le gros de mes cours se situe en début de semaine. Je rentre chez moi, bosse, regarde la télé et me couche assez tard car je n’ai absolument pas sommeil. Et même la lumière éteinte, je ne m’endors pas avant une bonne heure.
Vendredi. Je n’ai cours que le matin. Je décide une fois de plus de manger en ville le midi, et d’y passer l’après-midi. Nous sommes à la fin de l’hiver et il commence à faire moins froid. Enfin. Mais il fait encore nuit assez tôt, et, malgré les recommandations inquiètes des parents, je décide de ne pas repartir avant qu’il ne fasse nuit. J’aime vraiment l’allure de tous ce qui m’entoure à la lueur de la nuit. J’ai toujours préféré la nuit au jour. Je m’y sens tellement mieux. C’est tellement plus agréable, et, en un certain sens, plus vivant. Il est possible que ce sentiment soit lié à ma nature, mais j’en doute. On a raconté tellement de bêtise sur mon espèce et sur le monde dans lequel j’évolue. Je supporte très bien le jour, sans aucune gêne, et j’apprécie aussi beaucoup la lumière du soleil. Mon espèce a surtout vécut la nuit durant très longtemps de peur d’être découverte, traquée (ce qu’elle a effectivement été plus d’une fois), et exterminée.
Il ne faisait pas encore nuit et je marchais dans la rue, quand j’aperçut Damiel en face qui s’avançait vers moi l’air de rien. Je grognais. Quand Damiel est dans les parages, cela n’annonce jamais rien de bon. Il n’est pas très grand (mais quand même plus que moi, bien que je porte d’épais talons de sept centimètres de haut), mince voire même assez fin, avec un visage mignon, mais sans plus. Brun, il avait toutefois les plus beaux yeux que j’ai jamais vus chez un mec. Ils étaient d’un bleu océan tirant sur le vert, avec des reflets dorés au milieu. C’était ses yeux qui le rendait vraiment craquant. Mais il n’en est pas moins agaçant. Il me sourit, toutes dents dehors, en arrivant à ma hauteur. Ce genre de sourire que j’ai envie d’effacer à grand renfort de baffes. Ou de balles en argents. Il s’arrêta face à moi et me salua.
- Hello (ce Hello me donna envie de l’écorcher vif) ! Tu t’amuses bien ?
- Avant de te voir, assez oui.
- Touché. Mon cœur est en miettes.
- Si seulement c’était coulé… . Qu’est-ce que tu me veux encore ? Tu crois pas que j’ai eu ma dose ces temps-ci ? Je suis sensée être en congé pour passer mon bac tranquillement.
- Désolé, changement de programme. On a un problème.
- Tu m’en diras tant. Je m’en serai jamais douté toute seule, dis donc… Tu me prends pour une conne ? Crache le morceau, que je puisse au moins avoir une nouvelle raison de râler. Ce sera toujours ça de gagné. Et sois gentil, fais-moi la version courte.
- Oooooh ! T’es pas drôle là.
- J’ai pas envie de rire.
- OK. D’accord. La version courte. Mais d’abord, écartons-nous de la foule, tu veux ? Je préfère éviter les oreilles indiscrètes. On ne sait jamais. Suis-moi.
Il m’entraîna dans une petite ruelle, qui débouchait sur une place déserte où il y avait quelques bancs. L’endroit était tranquille, sans être réellement isolé. Nous nous assîmes sur un des bancs, et il m’expliqua à voix (très) basse de quoi il retournait.
- Des renégats. Ils se sont échappés de leur prison et ils ont disparus dans la nature. Ce sont des dissidents qui veulent renverser notre gouvernement, si on peut l’appeler comme çà. Le problème, c’est qu’ils ont été arrêtés parce qu’ils avaient des infos dangereuses, et que s’ils les transmettent, on est mal.
- Quel genre d’infos ?
- Le genre d’infos qui te permet de parvenir à tes fins si tu veux prendre le pouvoir.
Le genre de trucs dont je me foutais royalement. Je lui répondis donc en conséquence.
- S’ils veulent prendre le pouvoir et diriger notre espèce, qu’ils le fassent. Ça ne me concerne pas.
- Mais ils font partie du côté radical des nôtres. Celui qui prône un conflit armé avec les Normaux.
Les Normaux. C’est-à-dire les êtres humains normaux, qui pensent, pour l’instant, que nous ne sommes que des légendes pour gamins débiles. Si un conflit se déclenchait avec eux, nous les aurions peut-être sans problèmes, pour peu qu’ils refusent d’admettre notre existence. Mais dans le cas contraire, nous serions probablement détruits. De plus, la plupart d’entre nous ne désirent qu’une chose : se fondre parmi eux et avoir la vie la plus normale possible, sans les mêler à nos petites affaires.
Je grognai, mais Damiel avait gagné, et il le savait. Il jubilait déjà. Parfois, c’est vraiment un sale con. Et pervers avec ça. Parce qu’il avait vraiment l’air d’apprécier la tête que je tirais. Je tentais tout de même d’argumenter.
- Ma famille ne sait ni ce que je fais ni même ce que je suis, et j’ai mes cours moi. Je peux pas me permettre de les manquer. C’est l’année du bac, et je peux pas me permettre le moindre faux pas, surtout avec ces putains de dossiers à remplir pour les écoles.
- Ne t’en fais pas. Morgane te remplacera. Comme d’habitude !
Merde. Plus d’excuses. Donc je fis ce que je faisais de mieux : Je ronchonnai.
- Mouais. A ce train là, elle passera mon bac à ma place.
- Arrête de râler, ça te changera. Viens en ville demain après-midi. Rendez-vous ici à 14H00. Vous aurez peut-être même le temps de bavarder un peu.
- J’ai rendez-vous avec un mec à 15H30.
- Un mec ? Vais-je devoir brûler tous mes jeans moulants et mes sous-vêtements sexy ?
Il se foutait carrément de moi, là !
- Réveille-toi. Ça fait longtemps qu’on n’est plus ensemble. Si t’avais dû les brûler, tu l’aurais fait depuis longtemps.
- Malgré ton sale caractère, t’étais plutôt agréable tu sais. Surtout dans mon appart. Ou plutôt… dans mon lit.
- Oh la ferme ! Et arrête de courir les jupons. Si les autres nanas savaient ce que tu es, elles fuiraient comme des lapins. Et comme tout bon louveteau, tu leur courais probablement après pour les dévorer.
- Je ne mange jamais de viande humaine.
- Ouais, je sais. Bon, il faut que je rentre, j’ai du boulot (le bon prétexte).
- Dis bonjour à Morgane de ma part.
- Ouais. C’est ça. Tu peux y compter. A plus, sale cabot.
- A demain, face de crocs.
Oh, Ooooh ! je sentais les problèmes !
- Comment ça demain ?
- J’t’ai pas dit ? Je viens avec toi.
Et merde. Ça, c’était de la poisse. J’allais devoir me le farcir pendant un temps indéterminé, qui allait de toute façon me sembler beaucoup trop long en l’ayant sur le dos.
Je gémis, lui fit un geste obscène, et m’en allais.
Je décidai de prendre le premier bus qui me permettrait de rentrer chez moi. Je n’avais plus très envie de traîner en ville, ni même de faire les boutiques. Ça tombait bien, la petite place déserte n’était pas bien loin de l’arrêt de bus. J’ai beau avoir mon permis et être une plutôt bonne conductrice, ma famille n’avait pas les moyens d’avoir deux voitures, aussi me contentais-je des bus. De plus, comme nous étions vendredi, je faisais passer le voyage sur ma carte de trajet scolaire, ce qui ne me coûtait rien. Et j’avais l’avantage de pouvoir contempler la rue qui défilait sous mes yeux. Si belle, si pleine de vie. C’est bien là le seul véritable avantage du bus.
Je rentrais finalement chez moi avant même que la nuit ne tombe. Je fis quelques devoirs en chimie, ce qui est pour moi plus de la détente que du vrai travail. J’adore la chimie. C’est la seule matière pour laquelle je me passionne vraiment. Et c’est dans cette matière que je compte poursuivre mes études. De plus, avec la facilité que j’ai à comprendre même les trucs les plus compliqués en chimie, c’est là la seule voie dans laquelle j’ai véritablement une chance de réussir. Enfin, j’espère.
Je ne pus pas me résoudre à me coucher tôt, aussi regardais-je « I,Robot » en DVD. Puis, je passais le reste de la soirée à lire le livre. Qui n’a pas grand chose à voir avec le film, même si les deux sont animés par un esprit identique. Personnellement, j’aime beaucoup le film, mais j’ai tendance à préférer le livre. Asimov y fait preuve de bon sens, d’originalité, et surtout d’une bonne dose d’humour, ce qui, à mes yeux est le plus important. Après avoir lu ce livre (du moins en partie), je me sens toujours comme revigorée, voire chargée à bloc. Curieux. Finalement, je m’endormis vers 03H00 du matin.
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MessageSujet: Re: Et c'était vrai   Et c'était vrai EmptyJeu 19 Avr - 15:13

Chapitre 3







Le lendemain, je me levais tôt car je voulais me faire un shampooing. Mes cheveux sont assez longs, sans plus. Ils sont coupés en dégradé, et les plus long arrivent entre cinq et sept centimètres plus bas que les épaules, les plus court n’arrivant qu’un ou deux centimètres en dessous du visage. Mais qu’est-ce qu’ils graissent vite ! A croire que je verse de l’huile dessus tous les matins. Le cauchemar. De plus, ils sont si vivaces que si je ne les coiffe pas correctement juste après le lavage, ils sont emmêlés et incoiffables jusqu’au prochain lavage, ce qui a tendance à me foutre en rogne pour le restant de la journée.
Le midi, je mangeai vers 11H45, puis me préparai et allai prendre le bus pour descendre en ville. J’arrivai plus tôt que prévu, et en profitai pour aller m’acheter un bouquin à la FNAC. Les Dieux Eux-mêmes. Encore Asimov. C’est fou ce que je l’aime ces temps-ci. Et puis, si elle a un sac de la FNAC, personne ne se doutera que Morgane n’est pas moi. Sans ça, je suis méconnaissable. Je lis tellement. Si elle croise un de mes camarades de classe ou une amie, ceux-ci ne se douteront de rien. Si elle croise un de mes congénères, celui-ci n’aura pas plus de doute. C’est fou l’utilité qu’on peut avoir d’un bouquin. En plus, j’avais vraiment envie de lire ce livre, et je savais que Morgane aussi appréciait cet auteur.
J’arrivai sur la petite place à l’heure dite. Morgane était déjà arrivée. A l’état naturel, elle est petite, mince, blonde, et mignonne comme un cœur. Elle a un sacré charme. Cela vient en partie du fait qu’elle a la peau très mat. Une blonde aux yeux bleus très pâles et à la peau vraiment mat, c’est pas courant, sauf chez les surfeurs californiens ultra-bronzés et aux cheveux décolorés qui portent des lentilles quand ils ne sont pas dans l’eau. Elle et moi nous connaissions depuis un certain temps et nous étions en quelque sorte amies. Lorsque je devais partir pour une quelconque raison, c’est elle qui prenait mon apparence et me remplaçait dans ma vie quotidienne. Elle était la seule capable de changer d’apparence à me connaître assez bien pour ça. N’ayant aucune attache humaine, elle pouvait se permettre de disparaître indéfiniment sans que personne ne se demande où elle était passée. Ce qui était très pratique pour moi. Evidement, nous nous étions contactées la vieille au soir par SMS pour être sûre de porter les mêmes vêtements et d’avoir la même coiffure. Ce sont des petits détails, mais des détails qui peuvent poser problèmes. Elle sourit en voyant le sac que j’avais à la main.
- Pour renforcer la couverture, je présume ?
- Exact. Et sois gentille, si Ludo te demande ce que c’est comme bouquin, évite de lui faire un speech de trois heures sur Asimov et son œuvre, tu veux ?
- Promis. Des conseils à me donner, des trucs à me dire ?
- Tout est noté dans mon agenda, et je dois être rentrée pour 19H00 au plus tard.
- Pas de prob.
- Oh, et…flirte pas trop avec lui.
- T’as peur que je te le pique ?
- Nan, j’ai peur qu’il te préfère à moi, surtout que je ne l’ai pas encore testé.
- Ce serait un comble, puisque je serais toi.
- Arrête de jouer sur les mots, tu sais que ça me fout les nerfs en pelote.
- C’est pour ça que je le fais.
- Salope (je le dis de manière affectueuse, bien sûr). T’es vraiment trop cruelle avec moi.
- Dis ce que tu veux, mais c’est quand même toi qui m’a appris à faire ça.
Le pire, c’est que c’était vrai.
- J’aurais mieux fait de me tenir tranquille.
- Sans blague ? Sérieusement, tu vas être en retard.
- Où je dois aller ?
- Tourelle du château. Dans un quart d’heure. J’ai entendu dire que t’allais retrouver de vieilles connaissances.
De vieilles connaissances ?
- Et merde. En général, c’est mauvais ça.
- Attends de voir.
- Mouais. En attendant, c’est la dernière mission que je fais jusqu’à mi-juin. C’est que j’ai mon bac moi.
- Menteuse. J’suis sûre que t’en fera d’autres.
- Ouais, mais le dis à personne.
- Promis.
- Bon, à plus.
- A plus…et bonne chance.
- C’est ça. Faut pas rêver.
Je lui filai mon portable, mon sac à main avec mes papiers et tout le reste et partis en direction du château. Ils auraient pas pu mettre le rendez-vous en bas du château, non, il fallait absolument que ce soit en haut d’une tourelle. Et la plus haute encore.
J’arrivais au château et grimpais les marches en râlant que si je trouvais celui qui avait fixé ce fichu rendez-vous, je l’écorcherai vif. Apparemment, ils m’entendirent arriver car Damiel apparu en haut des marches et me sortis :
- Toujours en train de ronchonner, vieille peau ?
Ce à quoi je répondis gracieusement :
- Ta gueule et pousse toi de là. T’es en travers de mon chemin, pauvre tâche !
Il sourit et s’écarta sans se faire plus prier. Pas bon signe, ça. J’arrivai en haut de la tourelle, sur une espèce de plate-forme découverte, que j’aime bien. En d’autres circonstances. Sitôt que je vis les autres, je m’immobilisais. Pour de vieilles connaissances, ça c’était de vieilles connaissances.
En plus de Damiel et moi, il y avait trois autres personnes.
La première s’appelait Haby, et se trouvait être ma meilleure amie, même si je ne l’avais pas revue depuis des années. Nous étions néanmoins restées en contact régulier. Elle aurait pu me prévenir qu’elle serait là. Surtout qu’elle devait en savoir plus que moi sur le fond de cette affaire. Je ne savais toujours pas où j’allais et ce que j’aurais précisément à faire. Et peut-être qu’elle non plus, finalement. Peut-être que seul Damiel était au courant. Mais je dois dire que, pour le coup, j’étais réellement ravie de la revoir et de travailler avec elle. Je la connaissais depuis des années. Nous nous sommes rencontrées lors de notre première année de collège et nous nous étions tout de suite bien entendues. Nous avons même été transformées ensemble, par le même vampire. Elle est un peu plus grande que moi, mais pas tellement plus. Elle est d’origine sénégalaise, et a une jolie peau couleur chocolat. Elle a les cheveux nattés, toujours attachés en queue-de-cheval. Et elle a toujours un sourire aux lèvres, même quand elle a l’air un peu triste. Et là, elle souriait de toutes ses dents, l’air ravie. Elle se dirigea vers moi et me serra dans ses bras avec une espèce de petit rire de gorge vraiment marrant. Moi aussi je la serrais dans mes bras parce que, pour le coup, elle m’avait vraiment beaucoup manqué. Puis elle s’écarta, et je reconnus la deuxième personne présente.
Sayf était une vieille connaissance à Haby et à moi. En primaire et au collège, nous avions été dans la même classe pendant des années. Je ne savais même pas qu’il était devenu un des nôtres. Je me souvenais de lui un peu gamin. La dernière fois que nous nous étions vus, nous avions tout juste treize ans. Nous étions relativement amis, mais nous adorions nous lancer des piques. C’est lui qui m’a aidé à me perfectionner dans cette technique que je n’ai jamais perdue depuis. Il avait changé. Il est lui aussi d’origine africaine, mais je ne sais pas de quel pays. Sa peau est légèrement plus claire que celle de Haby. La dernière fois que je l’avais vu, il avait le crâne rasé. Là, il arborait des dreadlocks qui mettaient en valeur sa mâchoire, plus carrée que dans mon souvenir, et ses grands yeux noirs absolument superbes. Mais il était toujours aussi grand. Probablement dans les un mètre quatre-vingt cinq. Au moins. Je le saluais d’un clin d’œil et d’un léger sourire.
La troisième personne n’était pas le même genre de relation que les autres. Il était relativement grand, avec de courts cheveux roux foncés coupés en brosse et de piquants yeux verts. Mais pas une seule tâche de rousseur sur sa peau laiteuse. Nous avions déjà travaillé ensemble par le passé, et je savais qu’en cas de besoin, je pouvais remettre ma vie entre ses mains. Même si je n’étais pas vraiment pressée que cela arrive. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que Léo était très…professionnel. Je l’ai déjà vu buter des types en leur injectant de grosses quantités d’acides particulièrement corrosifs sans ciller d’un cil. Et croyez-moi sur parole, c’est très impressionnant. Moi, j’ai eu beaucoup de mal à me retenir de vomir. C’est lui qui m’a appris comment on se sert d’un lance-flammes sans cramer tout ce qu’il y a autour de soi. Nous étions amis, d’une certaine façon. Mais ça ne l’aurait pas empêché de me tuer ou de me torturer pour obtenir des infos en cas de besoin ou si on le lui demandait. C’était un prédateur. Ce type n’éprouvait jamais un remord. Du moins, pas en apparence. Je le saluais d’un léger signe de tête.
Nous étions cinq. Ce qui signifiait, normalement, deux équipes de deux, et le dernier pour les guider. Je savais que Léo, Haby, Damiel et moi n’étions pas spécialistes en informatique et autre petits trucs électroniques. Nous formerions donc les équipes, et Sayf se chargerait de nous guider, probablement à l’aide de tout un tas de bip-bips en tout genre. Cela faisait vraiment longtemps que je ne l’avais pas vu et, franchement, j’espérais qu’il était bon. Assez curieusement, je n’étais pas sûre de vouloir parier ma vie là-dessus. Mais quand on n’a pas le choix… . Du coup, j’allais devoir lui faire confiance. Autant vous dire que cela ne m’enchantait guère, mais bon. Il faut ce qu’il faut, et la mission passe avant tout.
Evidement, nous avions tous dans les dix-huit ans. C’est un âge idéal, si on se place du point de vue qui veut que, parce que vous êtes jeune, vous soyez stupide, faible, impressionnable et inexpérimenté. On vous surveille dans les magasins pour être sûr que vous ne fauchez pas, mais les vrais « méchant » ont toujours tendance à vous sous-estimer, ce qui fait qu’ils sont bien plus faciles à avoir. D’où l’intérêt d’avoir des effectifs aussi jeune. Et puis, un groupe de jeunes, c’est passe-partout. On s’attend à ce que ça se balade, donc on leur fout la paix. Surtout avec la mauvaise réputation que font des « adultes » débiles aux bandes de jeunes. On peut toujours m’accuser d’âgisme, ce que je dis n’en n’est pas moins vrai. La vérité, c’est que la plupart des plus de quarante ans et une bonne partie des plus de trente ans pratique le jeunisme, et nient en prime leurs capacités réelles. C’est parce qu’ils ne se souviennent pas de leurs dix-huit ans.
Et, de plus, nos capacités n’étaient pas assez développées pour que l’on ait l’air vraiment dangereux. Du moins, séparément. Parce qu’ensemble, c’est une autre histoire. Car, même jeune, trois vampires, un loup-garou, et un métamorphe, ce n’est pas à négliger.
Nous ne parlâmes pas. Nous ne parlerions pas tant que nous ne serions pas en route. Sayf me tendit une enveloppe. Je l’ouvris. A l’intérieur, il y avait des papiers d’identités. Je les vérifiais. Ils étaient nickels. Apparemment, Sayf était bon dans son domaine. Apparemment. Je ne pouvais toujours pas en être sûre. Mais bon, les papiers avaient l’air parfaitement en règle, la couverture, parfaite. Ce n’était pas du travail d’amateur. Officiellement, j’avais maintenant dix-neuf ans, me prénommait Théodora, Teddy pour les intimes (le prénom n’allait vraiment pas avec mon physique), et j’étais en première année de licence de psychologie (Ben voyons. Moi, en psycho.). Et j’étais en virée pour deux semaines, afin de profiter des vacances, et de récupérer de la fatigue des exams. La bonne blague. Les autres avaient manifestement déjà leurs papiers. Il n’y avait rien d’autre à ajouter. Nous partîmes.
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MessageSujet: Re: Et c'était vrai   Et c'était vrai EmptySam 25 Aoû - 12:01

Chapitre 4







Une camionnette nous attendait en bas. Sayf pris le volant, et le reste d’entre nous monta à l’arrière. Maintenant, nous allions pouvoir parler à l’abri des oreilles indiscrètes. Enfin.
Les autres avaient l’air pressés de connaître les détails de la mission, et moi je mourrais de curiosité de savoir enfin ce que j’allais avoir à faire. Néanmoins, c’était Damiel qui avait choisi l’équipe, et c’était donc à lui de parler en premier. Et le connaissant, le silence risquait de durer un bon moment. Il adore faire poireauter les gens. Or, je ne suis pas vraiment patiente. Donc, ce fut moi qui fini par rompre le silence.
Bon. On fait quoi là ?
Il me regarda, amusé. Il me connaissait bien. Il avait prévu ma réaction.
Vous connaissez tous l’histoire des renégats évadés, je vous ai tous mis au courant.
Ça n’était pas une question, donc nous gardâmes le silence, attendant la suite. Après un petit moment, Damiel reprit :
Nous sommes évidemment chargés de les arrêter et de récupérer les documents confidentiels qu’ils ont volés, et ce, par tous les moyens possibles et imaginables. J’ai bien dit : par tous les moyens. Sachant que l’idéal serait tout de même de les ramener en prison.
En clair : autorisation de tuer si besoin était. Je surpris le petit sourire de Léo. Cela faisait au moins un heureux. C’était toujours ça de pris pour lui. Moi, c’était plus mitigé. Je tuerais si vraiment je n’avais pas d’autres choix, mais je préférais éviter d’en arriver là. Pas parce que j’ai des remords après (même si j’en ai quand même un peu), mais parce que plus on joue les flingueurs, plus on a de chance de se retrouver sur des affaires où le but sera de tuer la proie par la suite. Et là, pour garder l’anonymat dans le milieu, bonjour la galère. Je n’étais donc pas ravie. La suite de l’explication se faisant attendre, je décidais de poser les questions moi-même.
Où on va ?
Damiel eu un sourire tordu. Il avait quelque chose derrière la tête.
En Auvergne
En Auvergne ?
Ouais. C’est là-bas qu’ils se planquent d’après ce qu’on en sait. Ils se seraient réfugiés dans un vieux château appartenant à l’un d’entre eux.
Et ils sont combien ?
Dix-sept. Sans compter les sous-fifres. Mais ceux-là ne devraient pas poser de problèmes, ce sont des humains normaux qui sont, apparemment, restés dans l’ignorance.
Dix-sept ? On est cinq, donc on sera quatre sur le terrain, et tu crois qu’on va vraiment pouvoir tous se les faire. T’es dingue.
Dix-sept. J’hallucinais. C’était presque une mission suicide. Mais Damiel avait l’air confiant.
Je crois au contraire qu’on a une bonne chance de les avoir. De toute façon, si on n’arrive pas à les tuer, on n’aura plus à se faire de souci pour ça, puisque ça voudra dire qu’on aura tous un pied, voire les deux, dans la tombe.
Le genre de remarque que j’adorais. Je ne pus m’empêcher de commenter :
Charmant.
Haby faisait une tête d’enterrement, qui, ma foi, convenait à la situation. Quant à moi, je n’étais plus très sûre de vouloir en savoir plus. Rectification : j’étais même sûre de ne pas vouloir en savoir plus. Léo, lui, avait l’air de s’amuser comme un petit fou. Aussi, ce fut lui qui reprit :
Et on s’y prend comment ? On va pas foncer tête baissée dans le tas. J’aime m’amuser, mais je tiens à ma peau.
Comme vous l’avez certainement déjà compris, Sayf surveillera les opérations. Quant à nous… . Ils cherchent des recrues pour mettre leur plan à exécution. Eh bien, ils vont en avoir.
On va s’introduire dans leur antre ?
Nous n’allons pas nous introduire dans leur antre. Mine va s’introduire dans leur antre.
Quoi ? Comment ça, je vais m’introduire dans leur antre ? Pourquoi pas toi, hein ? J’ai pas envie de me taper tout le boulot. Je te signale, en passant, que je ne devrais même pas être là. Je devais passer l’après-midi avec un type, puis passer la soirée chez moi sur mes devoirs. Alors merci bien, mais n’y pense même pas. Je n’irai pas.
Je n’en croyais pas mes oreilles. Je savais bien qu’il avait quelque chose derrière la tête. Et mon petit doigt me disait que c’était pas fini. Mais je n’eus pas le temps de plus protester car Damiel reprit :
Sois raisonnable (Léo se marrait pendant que Damiel essayait de me convaincre. Même Haby avait le sourire aux lèvres). Tu es encore celle d’entre nous qui as l’air le moins dangereux, tu n’es pas une si mauvaise actrice que ça, et en plus, tu as tendance à inspirer confiance. C’est toi la mieux indiquée pour y aller.
Je sens que j’aurais mieux fait de refuser quand tu es venu me demander mon concours hier.
Evidemment, j’ai aussi prévu les fringues qui vont avec ton rôle.
Quelles fringues ?
Là, on entrait dans le vif du sujet. Je sentais que le mauvais coup était là. J’en fus sûre quand il répondit :
Chemise blanche, pantalon et veste noirs, bijoux et maquillage discret. Un style très BCBG.
Deux secondes, tu veux ? T’es quand même pas en train de me dire qu’il va falloir que je me déguise en pingouin ? Parce que si c’est ça, tu peux toujours te brosser.
Ce sera marrant, tu verras.
On avait pas la même conception du mot marrant.
Je te le ferai payer.
Je n’en doute pas.
Il se marrait en disant çà.
Haby intervint :
Tu sais Mine, ça te va pas si mal ce style (je sentais qu’en disant ça, elle se fichait de moi). Et puis…ça te changera de tes jeans.
Tu dis ça parce que c’est pas toi qui seras attifée comme ça.
Absolument.
Et elle éclata de rire en voyant la tronche que je tirais, aussitôt imitée par Léo. J’avais envie de les boxer. Mais je me retins en remarquant que Damiel ne riait plus. En temps normal, il ne s’en serait pas privé. Là, il avait une espèce de sourire sadique aux lèvres. Ce qui signifiait qu’il n’en avait pas fini. Mais comme c’était Léo et Haby qu’il regardait, je savais que moi je serai tranquille. Par contre, eux, ils risquaient de déguster. Mes soupçons se trouvèrent confirmés quand il repris la parole, dès que les deux autres eurent fini de se marrer.
A votre place, j’attendrai avant de rire. Il n’y a pas que Mine qui ait du boulot. On en a tous les trois aussi. Pendant qu’elle jouera les espionnes et que Sayf surveillera en permanence que tout se passe bien, je tâcherai de faire des repérages dans la région, au cas où ils sortiraient du château. Il ne faudrait pas qu’on les perde bêtement.
Evidemment, il s’était accaparé la tâche la plus facile. Je me demandais ce qu’il avait prévu pour les deux autres. A mon avis, je n’allais pas tarder à le savoir. Haby ne devait pas être très rassurée non plus, car elle demanda, hésitante :
Et nous, on fait quoi ?
Ce à quoi Damiel répondait avec son sourire le plus pervers :
Vous, vous allez vous faire engager au château en vous faisant passer pour des Normaux. Ils ont besoin de sous-fifres pour les servir et assurer le ravitaillement. Ainsi que pour entretenir le château. Ils ont passé une petite annonce, que nous avons interceptée, justement pour trouver de la main d’œuvre. Amusez-vous bien.
Finalement, il y avait peut-être une justice en ce bas monde. Ou du moins, un début. Je fit mon plus beau sourire à Haby et à Léo, et leur lançais :
Une fois dans la place, je tiens à ce que vous vous occupiez personnellement de ma future petite chambre. Je dois avouer que j’ai quelque peu tendance à être bordélique (c’était rien de le dire, surtout quand je l’étais exprès). Et pas de mauvais esprit. Quand ils ne sont pas contents du personnel, ça m’étonnerait qu’ils se contentent de le renvoyer.
Ils en faisaient une de ces têtes. J’aurais voulu avoir un appareil photo pour immortaliser cet instant. Et leurs figures s’allongèrent encore quand Damiel ajouta, de plus en plus sadique :
D’après les infos dont on dispose, Mine a vu juste.
Sur ce, Damiel et moi éclatâmes de rire. Damiel n’allait pas s’en tirer comme ça. Je le ferai payer plus tard, d’une manière ou d’une autre. Mais pour Haby et Léo, c’était déjà fait, et ça m’allait parfaitement.
Après cette petite conversation, nous dérivâmes et nous parlâmes de nos vies respectives. Je n’avais pas grand chose à dire. Mais écouter les autres était assez marrant, ne serait-ce qu’à cause de la manière dont chacun racontait sa vie. Cela en disait long sur leurs caractères respectifs. Nous eûmes tous le temps de parler, car de la Normandie à l’Auvergne, il y a un sacré bout de chemin.
Nous arrivâmes au beau milieu de la nuit, dans une sorte de petite maison de location située au beau milieu de nulle part. Elle était en bois, avec deux chambres assez spacieuses pour contenir quatre lits chacune. Par souci de tranquillité, Haby et moi décidâmes de prendre une chambre pour deux. Ce n’est pas que nous redoutions les avances des mecs, mais ils peuvent être tellement lourds, Damiel en particulier, que la nuit se serait finie en bain de sang. On était crevées, et on voulait dormir tranquilles. Et puis…, c’était un bon prétexte pour avoir quatre lits rien que pour nous deux, ce qui fait qu’en les rapprochant deux à deux, on obtenait deux grands lits, ce qui était autrement plus confortables que de dormir dans de petits lits où on avait à peine la place de bouger.
Nous ne nous endormîmes pas tout de suite, passant une partie du reste de la nuit à bavarder et à sortir des blagues, souvent assez salaces (ce sont très souvent les plus drôles). Je lui parlais de l’époque où je sortais avec Damiel, et elle me confia qu’elle trouvait Sayf plutôt craquant. Des niaiseries de filles. Mais c’est souvent agréable, ce genre de conneries, avant de se lancer dans une opération qui ressemble plus que vaguement à du suicide.
Nous finîmes par nous endormir, à une heure plus que tardive, gloussant chacune de notre côté des blagues que racontait l’autre, d’une voix de plus en plus lourde de sommeil.
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MessageSujet: Re: Et c'était vrai   Et c'était vrai EmptySam 25 Aoû - 12:02

Chapitre 5








Nous nous réveillâmes le lendemain vers 9H00. Nous avions dormis environ quatre heures et demie. Une nuit raisonnable. Ceux de notre espèce, même les jeunes, n’ont pas besoin de beaucoup de sommeil. Une chance. Les garçons dormaient encore. Ou faisaient semblant, espérant qu’on leur apporterait le petit-déj au lit pour les réveiller. Et bien ils pouvaient toujours courir. S’ils avaient faim, ils n’avaient qu’à se lever et se préparer leurs tartines tout seuls, comme des grands. En attendant, Haby et moi mangeâmes de bon appétit. Il y avait tout ce qu’il faut dans le chalet, tout le confort moderne, y compris l’élément le plus indispensable de toute la maison : la télé.
Nous décidâmes de déjeuner devant, sur une chaîne de dessins animés débiles que nous ne regardâmes même pas, trop occupées à essayer de comprendre ce que l’on se disait, malgré le fait que nous avions la bouche pleine.
Vers 10H00, les gars émergèrent enfin. Ils avaient l’air fatigués et grognons. C’est vrai que dormir dans ce genre de petits lits, ça a tendance à énerver. Pauvres petits choux. Bien fait pour eux. Ils avaient qu’à être moins pénibles. Ils se préparèrent leurs repas en silence et vinrent s’installer devant la télé.
Haby et moi décidâmes de profiter du fait qu’ils étaient en train de manger pour occuper tranquillement la salle de bain. Ils en avaient pour un bout de temps. Ça tombait bien, nous aussi.
Une fois que tout le monde eut mangé et fut habillé, nous fîmes une petite réunion de travail. Léo, Haby et moi devions étudier les plans du château, et je devais en plus peaufiner mon rôle avec l’aide de Damiel, qui, lui, devait aussi apprendre par cœur les cartes de la région. Quant à Sayf, il devait mettre en place tout son matériel électronique et entrer dans ses fichiers toutes les données concernant le château et ses habitants que lui avait donné Damiel, sans parler de toutes les connexions extérieures à établir, pour le cas où il aurait besoin de jouer les cyber-pirates par exemple. Tout ça n’a l’air de rien, mais c’est quand même du boulot.
Nous passâmes ainsi la journée. Il fut prévu que Haby et Léo se présenteraient le lendemain au château et que j’arriverai deux jours plus tard pour jouer mon petit rôle. Je commençais à les envier tous les deux. Au moins, ils n’allaient pas se farcir Damiel pendant deux jours entiers, sans répits. Sayf serait en planque non loin du château afin d’être sûr que tout allait bien grâce aux micros qu’ils porteraient et, en cas de problème, de les tirer de là. Ceci fait, Haby, Sayf et Léo s’installèrent devant la télé pendant que j’allais dans ma chambre avec Damiel pour fignoler les derniers détails du costume de pingouin.
Le costume en question se constituait d’un tailleur-pantalon noir, et d’une chemise blanche à manche trois-quarts, moulante, taillée dans un tissu légèrement élastique et (horreur !) qui se fermait à l’aide d’une bonne vingtaine de petites agrafes. J’étais persuadée que Damiel l’avait fait exprès, en sachant pertinemment que j’aurais cette chemise en horreur. Ma prétendue valise était, elle aussi, pleine de ce genre de fringues. Je me demandais combien de temps je pourrais tenir dans ce genre de trucs avant d’exploser. A mon avis : pas longtemps. Mais Damiel semblait confiant. Tant mieux pour lui.
Nous resterions en contact permanent grâce à un minuscule micro niché dans un collier, mais aussi en nous fixant un rendez-vous tous les trois jours dans un petit café situé en ville. Je pourrai m’y rendre grâce à la petite voiture noire, toute en rondeur (comme je les aime, une chance !), garée dans la petite cour, dont je me servirai pour la mission. Heureusement que mes papiers contenaient un permis de conduire.
Après l’essayage des vêtements, nous passâmes une soirée tranquille. Sayf et Léo monopolisaient la télé, prétextant qu’ils étaient prioritaires, étant donné le fait qu’ils n’auraient plus l’occasion de regarder la télé avant un certain temps. C’était l’excuse la plus bidon que j’aie jamais entendu. Mais comme Damiel passait sa soirée dans sa chambre à revoir ses cartes (pour une fois qu’il était sérieux) et que Haby et moi voulions passer la soirée dans notre chambre à jouer aux cartes tout en échangeant des confidences et en nous racontant nos vies plus en détails, nous laissâmes passer. Cela faisait vraiment du bien de la revoir après tout ce temps. Si j’en étais encore capable, j’en aurais peut-être même pleuré. Mais les épreuves et le temps, ainsi que l’habitude de voir la mort en face, ont tendance à vous enlever cette faculté, à moins d’avoir vraiment une bonne raison. Et encore, même là ce n’est pas sûr que l’on pleure. Une des principales caractéristiques de notre « métier » est que, pour survivre, il faut réussir à dissimuler ses sentiments à la perfection, quitte à avoir l’air insensible à tout. Ou à le devenir.
Nous nous couchâmes relativement tôt. Avant de m’endormir, je me mis à pouffer de rire en pensant à Damiel en train d’étudier ses cartes. C’était bien la première fois que je le voyais réellement faire preuve de sérieux sur quoi que ce soit, ce con. Peut-être nous cachait-il quelque chose. Ou peut-être que l’affaire était plus grave qu’on ne le pensait. A moins qu’il n’ait des intérêts personnels dans cette histoire. J’espérais que non. Mêler travail et sentiments n’est jamais une bonne chose, surtout lorsqu’on risque sa vie. Et là, je me rendis compte que j’éprouvais toujours quelque chose pour lui. Mauvais ça. S’inquiéter pour un de ses coéquipiers n’est jamais bon signe. Et angoisser pour lui est encore le meilleur moyen de se faire tuer. Et merde. Ce fut ma dernière pensée avant de sombrer.
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MessageSujet: Re: Et c'était vrai   Et c'était vrai EmptySam 25 Aoû - 12:02

Chapitre 6








Nous étions lundi. Il était 06H30. Nous venions de faire nos dernières recommandations à Haby et à Léo, et nous leur souhaitions bonne chance. Pas de « Au revoir ». Ça sonne trop comme des adieux et ça porte malheur. Sayf avait aussi droit à çà, puisqu’il partait en même temps qu’eux, mais à un degré moindre vu qu’il prendrait moins de risques. Dernières (mauvaises) blagues et derniers rires nerveux qui sonnaient trop faux pour être sincères. Mais dans ces moments-là, on a souvent besoin de rire de tout et n’importe quoi. Puis je me retrouvais seule avec Damiel.
Une fois les autres partis, il se retourna vers moi avec un grand sourire. Un des plus énervants qu’il ait jamais réussi à faire. Et pourtant il est déjà champion en la matière, en temps normal. Là, il se surpassait. Beurk. Ça annonçait encore des problèmes, mais lesquels ?
Nous retournâmes dans le salon, où il mit de la musique, assez forte pour créer un fond sonore, mais suffisamment basse pour ne pas gêner une éventuelle conversation. Qu’il ne se fit pas prier pour lancer.
Alors, heureuse d’être seule avec moi pour deux jours entiers ?
Heureuse ? Je ne l’aurais pas dit ainsi, mais je décidai d’éviter les grossièretés pour l’instant.
A vrai dire, je m’en serai bien passé.
Avoue : ne suis-je pas ton loup-garou préféré ?
Je ne connais personnellement que trois loups-garous. Le premier est un type brillant, spirituel, et toujours prêt à te filer un coup de patte en cas de besoin. Le deuxième, s’il n’était pas loup, serait le prototype même du banal monsieur tout le monde. Le troisième est le pire con que j’ai jamais vu. Devine lequel tu es.
Je parie que je suis le chic type.
Je répondis, du tac au tac :
Mauvaise réponse. Essaie encore.
Il prit un air boudeur.
Je sens que je vais me vexer.
Si tu le dis…
Comme si ça me faisait quelque chose qu’il se vexe ou non !
Qu’est-ce que tu as contre moi ?
Oups. Je l’avais pas vu venir celle-là. Qu’est-ce que je pouvais bien lui dire ? Qu’en fait, je l’aimais encore en dépit du fait que c’était le mec le plus exaspérant au monde ? J’étais pas encore prête à le lui avouer. Que je n’aurais jamais du le quitter ? Mais je ne regrettais vraiment pas de l’avoir fait. Parfois, il n’y a pas de bonne réponse. J’éludais la question, en posant une moi-même :
Ça te branche un Mac Do ce midi ? Ça fait des plombes que j’ai pas avalé de hamburger-frites. Sans parler des Sundae. J’adore ça.
Il me sourit à nouveau.
C’est une invitation ?
Je soupirai
Prends le comme ça si ça te chante.
Tu vois ? Je savais bien que tu me trouvais irrésistible. Mais tu préférerais pas un petit déj ?
Pourquoi pas les deux ? Et on passe la journée à faire les boutiques. C’est pas grave si on me voit : après-demain, en costume de pingouin, je serai méconnaissable.
Alors en route, vieille peau.
J’allai finir par me vexer pour de bon.
Modère ton langage. Je pourrais t’arracher le gorge d’un simple coup de dents. Tâche de pas l’oublier, le chiot.
T’oserais pas. Je te manquerai trop.
C’était vrai, mais il était inutile de le lui montrer.
Qu’il est doux de pouvoir encore avoir de si grandes illusions. Arrête de rêver, le réveil risquerait d’être assez brutal.
Mais bien sûr. Et je suis le roi d’Espagne.
Je grognais, lui dis d’aller se faire foutre, et sortis dehors. Je déteste quand je n’ai pas le dernier mot.
Nous prîmes sa voiture pour aller en ville, et la journée se passa comme prévu. J’en profitais pour faire des emplettes. Le plus grand avantage de mon « métier » est que, comme les chefs de notre communauté sont très riches, je suis grassement payée, que j’ai donc un compte bien garni (et évidemment secret), et que, par conséquent, je ne suis jamais à cour d’argent, même si je dois le cacher à tous, y compris à ma famille. Au cours de cette journée, je m’achetai quelques fringues, que Damiel m’aida volontiers à choisir (je dois admettre qu’il a du goût lorsqu’il s’agit de se looker). J’en profitais aussi pour me prendre un collier en argent, cristal et aigues-marines avec un bracelet assorti. Non seulement il serait parfait avec les vêtements que j’étais sensée porter pour mon rôle, mais en plus il pourrait resservir, vu que c’est le genre de bijoux que j’aime porter habituellement.
Le soir, nous achetâmes des plats chinois à emporter, puis nous rentrâmes pour manger tranquillement. Le repas chinois s’avéra être un des meilleurs que j’ai jamais mangé. Chose curieuse, Damiel se montra agréable durant toute la journée. Relativement peu agaçant, moins moqueur qu’à son ordinaire, et aussi beaucoup moins gamin. A croire qu’il essayait de m’attirer dans ses filets. Et l’envie de me laisser prendre était plus que tentante. Là, j’étais vraiment mal barrée.
Après le repas, nous contactâmes Sayf pour savoir comment se passait la mission. Tout allait bien. Haby et Léo s’étaient fait engager sans aucune difficulté majeure, même si la méfiance était palpable du côté des habitants du château. Ils étaient sûrement sous surveillance, mais aucun incident ne s’était produit et tout se passait comme prévu. La belle vie. J’eus un petit éclat de rire en pensant à Haby et Léo. Décidément, je préférais ma place à la leur, et de loin. Du moins, pour l’instant. J’avais encore une journée et deux soirées à passer avec Damiel, et, quel que soit son comportement ce jour-là, je restais méfiante. Ou j’essayais.
Nous racrochâmes finalement, satisfaits de constater que tout se passait bien pour l’instant. Puis, je montais me coucher, prétextant que j’étais très fatiguée. Damiel me laissa partir sans protester. C’était louche. Soit il avait appris à être moins lourd, soit il me préparait encore un mauvais coup. Et, le connaissant, j’aurais parié pour la seconde solution.
Je lus pendant un petit moment. Mortelle est la nuit, de Isaac Asimov. Eh oui : encore lui. Mais il faut dire que cet auteur était vraiment génial. Quand la fatigue commença réellement à se faire sentir, je décidai d’éteindre. Je ne m’endormis pas tout de suite, songeant à ce qui me tombait dessus depuis deux jours. Une mission kamikaze ou presque. Des retrouvailles avec de vieux amis. Une nouvelle collaboration avec le type le plus impitoyable que je connaisse. Et aussi avec un ex dont j’étais en train de retomber amoureuse. La vie vous réserve souvent des surprises. Et celles-ci, je m’en serais bien passée.
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